Yayoi Kusama à Barcelone

En 1957, Kusama quitte le Japon pour s’installer à New York, où elle plonge dans le dynamisme de la scène artistique des années 60. Ses premières œuvres, dont notamment les célèbres Infinity Nets (Toiles infinies), se distinguent par des motifs complexes et répétitifs qui semblent s’étendre à l’infini, conçus comme un moyen pour pouvoir canaliser ses hallucinations et sa détresse psychologique. Créer des œuvres devient alors une forme de thérapie et un moyen de maîtrise du trouble intérieur pour Kusama.

La citrouille

La citrouille est l’un des motifs les plus iconiques de Kusama. Inspirée par l’activité agricole de sa famille, elle commence à dessiner des citrouilles dès son plus jeune âge. Dans des œuvres comme Pumpkin (White), les formes organiques sont recouvertes de pois. Pour Kusama, la citrouille semble « lui parler de manière spirituelle » et symbolise la résilience, la simplicité et le cycle de la vie.

Infini et identité

Au cœur de la philosophie artistique de Kusama se trouve le concept d’autodestruction, l’idée que l’individu peut se fondre dans l’univers à travers l’art. Ce thème est particulièrement mis en œuvre dans ses Infinity Mirror Rooms (Salles de miroirs infinis), où les surfaces réfléchissantes créent une illusion d’espace infini. Lorsque les visiteurs entrent dans ces salles, ils sont souvent désorientés, éprouvant un sentiment symbolique de la perte d’identité.

De plus, les pois et filets répétés incarnent également ce même concept d’interconnexion des choses. Pour Kusama, recouvrir une surface de pois est un moyen de fusionner avec l’univers et d’effacer les frontières de l’identité individuelle. Ce processus reflète sa conviction que l’art peut transcender la souffrance personnelle et connecter les individus à un niveau universel. 

La santé mentale et l’art comme remède

Malgré son succès, la vie de Kusama a été marquée par des problèmes de santé mentale. En 1973, elle retourne au Japon et s’interne volontairement dans un hôpital psychiatrique à Tokyo, où elle vit et travaille encore aujourd’hui. Son atelier, situé à proximité, reste son sanctuaire créatif. Pour Kusama, sa pratique artistique est à la fois un moyen d’adaptation et une forme de thérapie qui lui permet de transformer la douleur personnelle en beauté universelle.

Son exploration audacieuse de la santé mentale et des limites psychologiques a fait d’elle un symbole de résilience et de pouvoir créatif. À travers son art, elle met le spectateur face à la fragilité et la force de l’esprit humain, nous encourageant à trouver la beauté dans le chaos et le sens de répétition. 

Influence mondiale

Au-delà de l’art, l’influence de Kusama s’étend au monde de la mode, du design et de la culture populaire. Ses collaborations avec des marques telles que Louis Vuitton, Marc Jacobs et Supreme ont permis de faire connaître ses pois iconiques au monde entier. En 2023, sa collaboration avec Louis Vuitton a permis de mettre en valeur ses motifs sur des sacs à main, des vêtements et des accessoires, mêlant art et attrait commercial.

Découvrez Kusama au Moco Museum Barcelona

Au Moco Museum Barcelona, l’art de Kusama invite les spectateurs à réfléchir à leur place dans le cosmos, à se perdre dans les motifs et les couleurs, et à découvrir la sensation sublime de l’autodestruction. Son art défie les frontières traditionnelles entre l’artiste et le public, transformant le musée en voyage immersif vers l’infini.