Guillermo Lorca à Barcelone

De Santiago à Barcelone

Né à Santiago du Chili, Lorca a démontré son talent artistique dès son plus jeune âge. Formé auprès du peintre chilien Sergio Montero, il étudie ensuite les beaux-arts à l’université mais finit par abandonner pour tracer son propre chemin. À l’âge de 22 ans, il s’installe en Norvège, où il devient l’élève du peintre figuratif Odd Nerdrum. Grâce à lui, il perfectionne sa technique de peinture à l’huile et comprend la capacité émotionnelle de l’art classique.

La percée de Lorca survient en 2009, lorsqu’il devient le plus jeune artiste à exposer ses œuvres à la station de métro Baquedano à Santiago, où six fresques représentant la culture chilienne sont exposées en permanence. Plus tard, Simon de Pury découvre son œuvre sur Instagram et l’invite à exposer « Esplendor de la Noche » au Moco Museum Barcelona.

Le langage du réalisme magique

Son style est souvent qualifié de réalisme magique, s’inspirant d’artistes comme Doré, Rubens et Rembrandt. Son style mêle réalisme extrême, lumières dramatiques et imagination sombre, créant ainsi des scènes émotionnelles et mystérieuses. 

Lorca représente la tension entre beauté et inquiétude, innocence et menace, incitant le spectateur à regarder au-delà de la surface. 

Moco Museum Barcelona

Parmi les œuvres les plus exposées et présentées au Moco Barcelona, nous pouvons citer The Little Gardeners (Les petits jardiniers) (2021), une scène soigneusement orchestrée dans laquelle cohabitent animaux sauvages et enfants fragiles. Inspiré par le concept baroque du horror vacui (la peur du vide), Lorca remplit chaque centimètre de la toile de textures riches et de détails obsédants. Au centre du carnage, nous pouvons apercevoir deux filles, l’une aux cheveux bleus tachés de sang et l’autre flottant avec des ailes de papillons. Elles représentent le contraste troublant entre l’innocence et la violence et nous invitent à réfléchir sur la vulnérabilité et le pouvoir. Dans ce même thème, The Healer (La guérisseuse) (2020), dans laquelle une jeune fille, vêtue d’une tenue victorienne, soigne les blessures d’un gorille au milieu d’animaux domestiques et d’un sol couvert de pâtisseries renversées. Cette image évoque des souvenirs d’enfance où l’on s’occupait d’animaux en peluche mais l’échelle et les détails introduisent un courant sous-jacent troublant.

Récit psychologique et symbolisme

L’art de Lorca est imprégné de symbolisme psychologique et mythologique. Les animaux occupent une place centrale dans ses compositions, incarnant les instincts primaires, les peurs cachées et la nature complexe des émotions humaines. Les loups, chats et oiseaux apparaissent souvent aux côtés de figures humaines, remettant en question les limites entre les prédateurs et les protecteurs. 

Les enfants sont souvent présentés comme des figures centrales dans les œuvres de Lorca, symbolisant l’inconscient, la vulnérabilité et le subconscient. Cependant, leur proximité avec les animaux et les créatures mythiques imprègne des thèmes étranges sur l’identité, la peur et les rapports de force. Dans Bird of Paradise (L’oiseau de paradis), un chat géant aux yeux jaunes descend un escalier, tandis que deux fillettes restent impassibles malgré la menace imminente.

Un maître moderne du réalisme magique

L’espace d’exposition de Guillermo Lorca au Moco Museum Barcelona témoigne de sa capacité à allier précision technique et narration imaginative. Son travail confronte le spectateur à la relation complexe entre la beauté et la peur, la création et la destruction, l’innocence et la corruption. Sa capacité à équilibrer ces forces opposées sur une même toile reflète sa compréhension profonde de la nature humaine et de la lutte intemporelle entre la lumière et l’obscurité.